Christelle

Christelle est en train de préparer tout son petit matos pour me piquer, tandis que je regarde fixement l'affreux tableau de voiliers sur le mur opposé.

Princesse : Je vous préviens, j'aime pas les piqûres alors ça serait choupi de votre part de me parler d'autres choses pendant que vous faites la prise de sang.
Christelle : Hihi ! Vous inquiétez pas, j'ai l'habitude ! (clin d'oeil complice)

Elle farfouille encore quelques secondes, avant de me demander de serrer mon poing. C'est là que je commence à balancer ma tête d'avant en arrière en émettant un gémissement continu et probablement très angoissant.

Christelle : C'est la première fois que vous pensez être enceinte ?
Princesse : Non, au moins la vingtième mais c'est la première fois que le bâton du pipi me dit que je le suis... OUCH ptaindsaraace...
Christelle : Et vous n'avez pas d'autre enfant ?
Princesse : Non.
Christelle : Tiens c'est étonnant ça ! Tenez, mettez votre doigt sur le coton. Vous avez 30 ans, et sans moyen de contraception vous n'êtes jamais tombée enceinte?!
Princesse : Euh.... disons qu'auparavant, mon moyen de contraception, c'était mon homosexualité.

Christelle range son flacon et se retourne vers moi, une sorte de sourire étonné figé sur son visage.

Christelle : Ah oui ? Vous étiez avec une femme ?
Princesse : Oui, pendant 5 ans. (Mais pourquoi je lui raconte tout ça ??!)
Christelle : Alors ça c'est cocasse ! Et vous vous voyez toujours ?
Princesse : Ah oui, tout à fait ! Elle vit à Paris, elle a rencontré quelqu'un et je suis très contente pour elle, mais on s'appelle souvent et puis on sait qu'on peut compter l'une sur l'autre quoi qu'il arrive, et .... (Mais pourquoi je lui raconte tout ça ??! Ferme ta gueule, oh !)
Christelle : Oh c'est génial ça ! Et alors le papa, il en pense quoi ?
Princesse : De ?
Christelle : Ben de ce bébé !
Princesse : Ah ! Il veut que j'avorte.

Le sourire magique de Christelle s'évanouit. Mon histoire était trop cocassement mignonne jusque là. Mais Christelle est pendue à mes lèvres. Elle ne bouge plus, elle est entièrement tournée vers moi, comme si j'étais un condensé de Plus belle la vie.

Christelle : Ah mince.... Et vous ?
Princesse : Non, moi, je veux le garder. Enfin, je sais pas, il m'embrouille le cerveau avec ses conneries.
Christelle : Vous devriez le garder. Vous avez une situation professionnelle, vous êtes en âge, vous en avez envie, il va changer d'avis !
Princesse : Mouais.
Christelle : Non mais si vous saviez le nombre de femmes que je vois, qui viennent apprendre qu'elles sont enceintes alors qu'elles se font cogner dessus toute la journée... poouuuuuloulou.... Vous imaginez pas.
Princesse : Je vous crois.
Christelle : Il a quel âge, votre chéri ? Il a déjà des enfants ?
Princesse : Il a 36 ans et une petite fille de 3 ans.
Christelle : Ah tiens ! Et il veut que vous avortiez ! C'est étonnant ça !
Princesse : Oui, mais la situation est pas si simple ; il a quitté la maman de sa fille pour être avec moi, et c'était seulement au début de l'été dernier donc c'est compliqué pour lui aussi.... (Mais pourquoi je lui raconte tout ça ??!)
Christelle : Ah oui ? Il a quitté son ex compagne pour vous ? Et ça se passe comment avec la maman de sa fille ?
Princesse : Très bien, tout le monde s'entend bien. Je pense que c'est une chouette nana.
Christelle : Je trouve ça formidable ! Ah oui alors ! Il va revenir votre chéri, c'est sûr ! Vous vivez ensemble ?
Princesse : Non, je vis juste à côté, là-bas. Mais j'ai une deuxième chambre qui peut accueillir le bébé, si jamais....
Christelle : Ouuuiiiiiii oooooohhhh, bientôt c'est lui qui gardera le bébé pendant que vous sortirez avec vos copines ! (clin d'oeil complice)

Bon à savoir : en cas d'interrogatoire, je balance tout avant même de recevoir une gifle.

25 minutes plus tard, tandis que je lui parlais de ma maîtresse de CE2
Quelques minutes plus tard, je sors du labo. Nous entamons le mois d'octobre, cela fait une semaine que je suis enceinte et la laborantine vient de me programmer une soirée copines durant laquelle le père gardera le bébé à la maison. Surréalisme, quand tu nous tiens...